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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE
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suis découverte, je pourrai tout au moins répondre que je n’ai pas tué.

— Pourquoi seriez-vous découverte ?

— Sait-on jamais ?

— Mais si, on sait. Vous avez en Bressacq un ami qui ne permettra jamais qu’on touche à vous. »

Elle gardait le silence. Ses sentiments pour celui qui devait être son amant restaient secrets. Victor en arrivait même à se demander, en la voyant parfois indifférente et distraite, s’il était en réalité son amant, et si elle ne le considérait pas surtout comme un camarade de danger, plus capable que tout autre de lui procurer ces émotions intenses qu’elle recherchait. N’était-ce pas le prestige de ce nom de Lupin qui l’avait attirée vers lui et qui la retenait ?

Mais, le dernier soir, Victor les surprit debout l’un contre l’autre et les lèvres jointes…

Il eut du mal à contenir son irritation. Sans la moindre gêne, Alexandra se mit à rire.

« Savez-vous pourquoi je déploie toutes mes grâces en l’honneur de ce monsieur ? Pour obtenir de lui que je vous accompagne demain soir. Comme si ce n’était pas naturel ! Eh bien, non, il s’y refuse… Une femme n’est qu’une entrave… Tout peut manquer à cause de sa présence… Il y a des dangers qu’on ne doit pas affronter… Enfin un tas de raisons qui n’en sont pas. »

Ses belles épaules s’épanouissaient hors de la légère tunique qui la révélait tout entière. Son visage passionné implorait Victor.

« Persuadez-le, cher ami. Je veux aller là-bas… justement parce que j’aime le danger… Ce n’est même pas le danger que j’aime, c’est la peur… Oui, la peur…