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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE
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« De sorte que le crime ?… demanda M. Validoux.

— Le crime fut commis par d’Autrey, seul.

— Mais cette dame du cinéma ? celle que l’on a rencontrée dans l’escalier d’Élise Masson ?

— Elle connaissait Élise Masson, et c’est par elle qu’elle apprit que le baron d’Autrey était sur la piste des Bons de la Défense, que ces Bons se trouvaient chez le père Lescot, et que le baron devait tenter de les reprendre. Elle y alla, elle aussi.

— Pour les voler ?

— Non. D’après mes renseignements, ce n’est pas une voleuse, mais une névrosée, avide de sensations. Elle se rendit là-bas, pour voir, par curiosité, tomba juste à l’instant du crime, et n’eut que le temps de s’enfuir vers l’auto qu’elle conduisait.

— C’est-à-dire vers Lupin ?

— Non. Si Lupin avait persisté à s’occuper des Bons de la Défense, après son échec à Strasbourg, l’affaire eût été mieux conduite. Non. Il ne s’intéressait déjà plus qu’à son affaire des dix millions, et sa maîtresse a dû agir seule, en dehors de lui. D’Autrey, qui ne la vit peut-être même pas, se sauva de son côté, n’osa pas revenir chez lui, vagabonda toute la nuit sur les grand’routes, et, au petit matin, échoua chez Élise Masson. Un peu plus tard, je faisais ma première visite chez la baronne, et c’est la méprise dont elle avait été victime à son insu, qui lui permit de défendre son mari avec tant d’élan, et de me dire avec tant de conviction sincère qu’il ne l’avait pas quittée de toute la nuit.

— Mais cette méprise, d’Autrey l’ignorait…

— Évidemment. Mais l’après-midi, il sut que sa femme le défendait, contre toute vraisemblance.