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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE
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sée, l’éveil de certains souvenirs qui la frappaient et de certains détails qui lui revenaient, bref toute l’explication redoutable qui s’imposait à elle avec une logique terrible. Elle regarda Gustave Géraume, eut un geste d’horreur, vira sur elle-même, et tomba agenouillée devant un fauteuil, en se cachant la figure…

Tout cela se produisit dans un grand silence. Aucune objection ne s’éleva contre l’étrange révélation faite par Victor et acceptée par la baronne. Gabrielle d’Autrey s’était recouvert la tête de son crêpe.

Gustave Géraume demeurait là, un peu gêné, à demi-souriant, très comique. Victor lui dit :

« C’est bien cela, n’est-ce pas ? Je ne me suis pas trompé ?… »

L’autre ne savait pas trop s’il devait avouer ou s’obstiner dans son rôle de galant homme qui se laisse emprisonner plutôt que de compromettre une femme. À la fin, il articula :

« Oui… c’est ça… J’étais éméché… Je ne me suis pas rendu compte… c’est à six heures seulement… en me réveillant, que j’ai compris… Je suis sûr que Mme d’Autrey m’excusera… »

Il n’en dit pas davantage. Une hilarité, sourde d’abord, puis irrésistible, se propageait de M. Validoux à M. Gautier, du secrétaire à Mauléon lui-même. Alors, la bouche de Gustave Géraume s’élargit, et à son tour il se mit à rire, sans bruit, amusé de cette aventure qui lui avait conservé sa bonne humeur en prison, et dont la drôlerie lui apparaissait soudain.

Il répéta, d’un ton désolé, en s’adressant à la forme noire à genoux :

« Il faut m’excuser… Ce n’est pas de ma faute… Le