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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE

La baronne fut introduite d’abord, enveloppée dans son voile de deuil. Puis, un moment après, on amena Gustave Géraume, toujours souriant et allègre.

Mauléon ne dissimulait pas sa désapprobation.

« Eh bien, allez-y, Victor, grommela-t-il. Vous avez sans doute des révélations importantes ?…

— Des révélations, non, dit Victor sans se démonter. Mais je voudrais éliminer certains obstacles qui nous gênent, et rectifier des erreurs et des idées fausses qui encombrent la route. Dans toute affaire, il y a un instant où le point doit être fait, si on veut repartir de plus belle. Je l’ai déjà fait une fois en nous débarrassant de tout ce qui était la première phase de l’action et qui tournait autour des Bons de la Défense. Il faut maintenant, avant l’attaque définitive contre Lupin, nous débarrasser de tout ce qui représente le crime de la Bicoque. Restent en scène Mme d’Autrey, M.  et Mme Gustave Géraume, et M. Félix Devalle. Finissons-en. Ce sera bref. Quelques questions… »

Il se tourna vers Gabrielle d’Autrey.

« Je vous supplie, madame, de bien vouloir répondre en toute franchise. Considérez-vous le suicide de votre mari comme un aveu ? »

Elle écarta son voile de crêpe. On vit ses joues pâlies, ses yeux rougis par les larmes, et elle prononça fermement :

« Mon mari ne m’a pas quittée la nuit du crime.

— C’est votre affirmation et le crédit qu’on y attache, déclara Victor, qui empêchent d’atteindre une vérité qu’il est indispensable de connaître.

— Il n’y a d’autre vérité que celle que j’affirme. Il ne peut pas y en avoir d’autre.