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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE

avec un peu d’attention. Et pas un instant non plus, certainement, l’inspecteur Roubeau ne songea qu’il restait seul, enfermé avec un homme suspect, et sans doute armé.

Victor y songea, lui. Et, tandis qu’il recueillait dans l’armoire de sa chambre les papiers authentiques qui l’accréditaient en tant que Marcos Avisto, il se disait en observant son gardien :

« Que vais-je faire ? D’un croc-en-jambe je le jette à terre, je l’enferme ici… et je me glisse dehors par la rue de Ponthieu ? »

Mais était-ce bien utile ? Si Beamish, directement visé, se débarrassait ainsi de Roubeau et s’évadait grâce à la fausse carte signée de Mauléon, que pouvait redouter Victor, lui ?

Il se laissa docilement conduire.

L’hôtel, cependant, s’agitait. En bas, le hall et le large vestibule se remplissaient de voyageurs ou de clients, curieux, bruyants, indignés si on les priait de ne pas sortir. Malgré tout, il y avait du désordre. Et dans son bureau, le commissaire Mauléon, qui commençait à être débordé, montrait de l’humeur. À peine s’il jeta un coup d’œil sur Victor, qu’il adressa tout de suite à l’un de ses assistants. Il ne se souciait évidemment que du sieur Beamish, contre qui s’élevaient de fortes présomptions.

« Eh bien, et l’Anglais ? demanda-t-il à l’agent qui avait accompagné Victor, tu ne l’amènes pas ?

— Il ne marche pas… à cause de sa foulure…

— Des blagues ! Il me semble louche, ce bonhomme-là. Un gros, n’est-ce pas, figure rouge ?

— Oui. Et une moustache en brosse, très courte.