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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE
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— Pourquoi ? Partez. Rien ne vous empêche de partir, vous.

— Non, dit-elle, je ne peux pas, je n’en ai pas la force.

— Alors, aidez-moi.

— À quoi ?

— À le prévenir, lui.

— Comment ?

— Je m’en charge.

— Vous ne réussirez pas.

— Si.

— Vous reprendrez le foulard ?

— Oui.

— Et que deviendra Beamish ?

— Je lui donnerai le moyen de s’évader. »

Elle s’approcha, et Victor l’observa un instant. Elle reprenait courage. Ses yeux s’adoucissaient, et voilà qu’elle souriait presque devant cet homme, si âgé qu’il fût, mais sur qui elle croyait exercer son pouvoir de femme. Comment expliquer d’une autre manière ce dévouement qui s’offrait à elle sans conditions ? Pourquoi aurait-il risqué de se perdre pour la sauver ? »

Elle-même, d’ailleurs, elle subissait la domination de ces yeux calmes, de ce visage dur.

Elle lui tendit la main.

« Hâtez-vous. J’ai peur.

— Peur pour lui ?

— Je ne doutais pas de son dévouement. Mais je ne sais plus.

— M’obéira-t-il ?

— Oui… il a peur, lui aussi…

— Il se défie de moi, cependant ?