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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE

s’effondra. Debout, encore, mais vacillante, effarée, les lèvres qui tremblaient, elle bégaya :

« Ce n’est pas vrai… ce n’est pas possible… ! »

Il continua, implacable :

« Je l’y ai vu. C’est le foulard que l’on cherche. Vous avez lu les journaux… le foulard qu’Élise Masson portait toujours au cou, le matin, chez elle. Découvert entre les mains de l’Anglais, il établit son intervention indiscutable dans le crime de la rue de Vaugirard, et l’intervention d’Arsène Lupin. Et, s’il y a ce foulard, n’y a-t-il pas aussi d’autres preuves qui dévoileront la personnalité réelle de l’autre personne, de la femme ?…

— Quelle femme ? dit-elle entre ses dents.

— Leur complice ? Celle que l’on a rencontrée dans l’escalier, à l’heure du crime… celle qui a tué… »

Elle se jeta sur Victor, et, dans un élan qui était à la fois un aveu et un cri de protestation violente, elle s’exclama :

« Elle n’a pas tué !… J’affirme que cette femme n’a pas tué… Elle a horreur du crime ! horreur du sang et de la mort !… Elle n’a pas tué !…

— Qui a tué, en ce cas ? »

Elle ne répondit point. Les sentiments se succédaient en elle avec une incroyable rapidité. Son exaltation se dissipa et fit place à un accablement soudain. D’une voix si faible qu’il pouvait à peine l’entendre, elle chuchota :

« Tout cela importe peu. Pensez de moi ce que vous voulez, je m’en moque. D’ailleurs, je suis perdue. Tout se tourne contre moi. Pourquoi Beamish a-t-il gardé ce foulard ? Il était convenu qu’il s’en débarrasserait d’une façon ou de l’autre. Non… je suis perdue.