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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE

çaient d’une manière si pressante, mais elle devait tout de même, avec son intuition de femme, sentir autour d’elle, et surtout contre l’homme qu’elle aimait, le souffle du danger. Quelle force donc la retenait dans cet hôtel ? Et quelle raison aussi y retenait l’Anglais Beamish ? Pourquoi l’un et l’autre ne cherchaient-ils pas un refuge plus sûr ? Pourquoi, avant tout, ne se séparaient-ils pas ?

Peut-être attendait-elle cet inconnu que Victor avait remarqué, un soir, en compagnie de l’Anglais, et qui n’était, qui ne pouvait être qu’Arsène Lupin ?…

Il fut tout près d’aller vers elle et de lui dire :

« Partez. La situation est grave. »

Mais qu’eût-il répondu, si elle lui avait demandé :

« Grave pour qui ? Qu’ai-je donc à craindre ? En quoi la princesse Basileïef peut-elle être tourmentée ? L’Anglais Beamish ? Je ne le connais pas. »

Victor attendit. Lui non plus ne quittait pas l’hôtel qui était, en tout état de cause, le lieu où tout faisait prévoir que se produirait le choc, si l’ennemi ne se décidait pas à la retraite, et si le commissaire Mauléon parvenait jusque-là. Il réfléchissait beaucoup. À chaque instant, il reprenait toute l’affaire, cherchait à vérifier certaines solutions auxquelles il s’était arrêté, et les confrontait avec ce qu’il savait d’Alexandra, de sa conduite et de son caractère.

Il déjeuna dans sa chambre et rêvassa longtemps. Après quoi, se penchant sur l’avenue du haut de son balcon, il avisa la silhouette fort reconnaissable d’un de ses collègues de la Préfecture. Un autre vint en sens opposé. Ils s’assirent sur un banc, en face du Cambridge. Il ne s’adressèrent pas la parole. Ils se tournaient le dos, mais ne quittaient pas des yeux le péristyle