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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE

Elle avait un peignoir de soie blanche, très ouvert, qui laissait à nu ses bras et ses belles épaules. Son visage n’était pas le visage un peu trop pathétique, un peu trop fatal, qu’elle offrait au public. Il n’y avait en elle ni hauteur, ni indifférence distraite, mais un souci de plaire, et l’expression aimable, gentille, amicale, d’une femme qui vous admet d’un coup dans son intimité.

Le boudoir était celui de tous les grands palaces. Cependant, il se mêlait à celui-ci une atmosphère d’élégance qui provenait de la lumière plus discrète, de quelques bibelots de prix, de quelques livres bien reliés, et d’un doux parfum de tabac étranger. Sur un guéridon, les journaux.

Elle dit, ingénûment :

« Je suis un peu embarrassée…

— Embarrassée !

— Je vous ai fait venir, et je ne sais trop pourquoi…

— Je le sais, dit-il.

— Ah ! et pourquoi ?

— Vous vous ennuyez.

— En effet, dit-elle. Mais l’ennui dont vous parlez, et qui est le mal de ma vie, n’est pas un ennui que peut dissiper une conversation.

— C’est un ennui qui ne cède qu’à la violence des actes, et en proportion des dangers courus.

— Alors, vous ne pouvez rien pour moi ?

— Si.

— Comment ? »

Il plaisanta :

« Je puis accumuler sur vous les dangers les plus terrifiants et déchaîner les catastrophes et les tempêtes. »