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VICTOR, DE LA BRIGADE MONDAINE
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« Enfin quoi, Victor, c’est donc sérieux, cette histoire-là ?

— Absolument.

— Vous allez nous renseigner ?… vous êtes sûr ?…

— Autant qu’on peut être sûr, chef, quand on s’appuie sur un raisonnement.

— Ah ! il ne s’agit que d’un raisonnement ?

— En police, chef, tous nos actes dépendent du raisonnement… ou du hasard.

— Assez parlé, Victor. Expliquez-nous.

— Quelques mots suffiront. »

Et, posément, il expliqua :

« Nous suivons les Bons de la Défense, sans contestation possible, depuis Strasbourg jusqu’à la Bicoque, c’est-à-dire jusqu’à la nuit où d’Autrey les met dans sa poche. Sur l’emploi du temps de d’Autrey durant cette nuit, passons. J’ai mes idées là-dessus et je ne tarderai pas à vous les dire, chef. En tout cas, le matin du vendredi, d’Autrey débarque chez sa maîtresse avec son butin. Les valises sont préparées. Les deux fugitifs se rendent à la gare du Nord, attendent l’heure du train et, soudain, pour des raisons encore obscures, changent d’avis et renoncent au départ. Il est cinq heures vingt-cinq. D’Autrey renvoie sa maîtresse avec les bagages et prend une auto qui le conduira gare Saint-Lazare à six heures. À ce moment, il sait, par le journal du soir qu’il a acheté, qu’il est suspect et que la police le guette probablement à la station de Garches. Arrivera-t-il avec les Bons de la Défense ? Non. Là-dessus, aucun doute. Donc, c’est entre cinq heures vingt-cinq et six heures qu’il a mis son butin en sûreté.

— Mais puisque l’auto ne s’est arrêtée nulle part !