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V

D’interminables jours se succédèrent. Lucie ne savait comment emplir le vide de sa vie. Elle flânait au lit jusqu’à l’heure du déjeuner, et se couchait tôt, s’épargnant ainsi la longueur des soirs. Les travaux à l’aiguille, les soins du ménage, les livres l’horripilaient. Elle ne s’intéressait guère plus aux personnes. Sa mère, retenue par ses pratiques de piété, la voyait peu. Son fils ne réclamait son attention ni par sa santé aujourd’hui rétablie, ni par les gentillesses ordinairement inhérentes à son âge. Elle l’habillait mal et le laissait entièrement aux mains de la bonne.

Son entente avec Robert ne se démentait point. Elle lui gardait une sympathie mêlée de déférence. Leurs rapports consistaient à échanger durant les repas ce qu’ils avaient mutuellement appris de neuf sur les potins de la ville, et