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préférences, leurs dégoûts. Il lui divulgua les raffinements les plus pervers. Et ils remuaient en souriant toutes les polissonneries de l’alcôve. Leurs yeux brillaient. Ils recherchaient les mots obscènes.

Loin d’être assouvie, la curiosité de la jeune femme s’exaspéra. Lui, ses désirs le harcelaient. Elle l’écoutait avec une avidité si étrange et se défendait si mollement contre les menues caresses dont il l’obsédait, qu’il crut souvent le moment favorable à quelque tentative. Il s’en voulait d’hésiter. Cette proie lui semblait à portée de sa main, facile, consentante, peut-être. Il n’osait pas.

— Il n’y a que les fruits gâtés qui tombent, se disait-il ; qui sait si celui-là est assez avancé !

Et, conscient cette fois de son influence malsaine, il s’écriait :

— Un amant, qu’importe ! Ce qui arrête la femme, ce sont les préparatifs de la chute, la difficulté d’échapper aux surveillances qui l’entourent et surtout la peur du scandale. Enfermez une femme avec un homme qu’elle aime et qu’elle a jusqu’ici repoussé par honnêteté, si elle est assurée que nul ne connaîtra sa faute, elle succombera. L’adultère est un instinct qui se satisfait aussi fréquemment que les circonstances le permettent.

Le matin du départ, à leur dernier rendez-