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Elle échoua. Trop camarade avec elle, il ne s’aperçut point de son jeu. Sans s’obstiner, elle revint à parrain dont l’attachement lui fut d’autant plus précieux après la défaite essuyée. Leurs longues causeries recommencèrent.

Bientôt un nouvel attrait s’y ajouta. Un dimanche, la présence de Chalmin et de violentes averses contrariant leurs habitudes, à la première éclaircie, ils se rejoignirent, par un accord tacite, dans une allée voisine. S’exagérant le danger qu’ils affrontaient, ils accumulèrent les précautions, afin qu’on ne notât point leur absence simultanée.

Dès lors, à leurs rencontres les plus inoffensives, ils donnèrent des apparences de rendez-vous dont ils se délectaient. Le premier, M. Bouju-Gavart s’esquivait. Lucie, sous prétexte de gagner sa chambre et de s’y reposer, quittait le salon, s’enveloppait d’une mantille, et courait à l’endroit désigné. Son cœur battait à grands coups.

Cette complicité effaça de leurs paroles tout vestige de retenue. Habilement questionné, M. Bouju-Gavart renseigna sa filleule sur certains points obscurs qui la tourmentaient en matière amoureuse. Ce fut un cours véritable qu’il entreprit. Comme exemples, il citait les femmes qu’il avait possédées. Il les déshabillait, analysait leur tempérament, leurs tics, leurs