aime toutes, chez toutes il existe quelque chose à aimer, un coin d’âme ou un coin de corps…
Et, détraqué par la secousse qu’il avait subie, il glissa jusqu’aux plus sincères confidences.
Ce fut désormais le fond même de leurs entretiens. Quand ils se trouvaient seuls, Lucie s’exclamait :
— Vite, parrain, une histoire !
Il racontait ses aventures, ses ruses, ses conquêtes, même ses échecs. Il dressait entre ses maîtresses de minutieux parallèles, les soumettait à un concours où entraient en ligne de compte leurs qualités et leurs imperfections, leurs tares et leurs mérites. Souvent exigeant des noms, elle se heurtait à un refus catégorique, et, l’imagination enfiévrée, elle se figurait reconnaître, à certains signes, telle dame de la société.
Ainsi peu à peu, sans intention, il désagrégea le bloc inconsistant de cultes et de respects qu’avaient formé chez Lucie l’austérité de sa mère, son enfance étriquée, sa claustration de jeune fille, son inexpérience de jeune femme subitement implantée dans un milieu supérieur au sien. Ses vénérations naïves s’écroulèrent, ses effrois se modérèrent. Inévitablement elle en vint à l’excès opposé et prit du monde une vision cruelle et factice.
Il lui narrait avec complaisance ses petites