Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/64

Cette page a été validée par deux contributeurs.

déformée, toi, tout cela semble avoir encore meilleure tenue qu’autrefois.

Elle fut flattée et lui confia :

— Et vous savez, pas de corset.

— Vrai ? s’écria-t-il, eh bien, tous mes compliments, je n’ai jamais rien vu qui me plût à ce point !

Elle repartit, malicieusement :

— Même la jeune personne d’hier ?

Il devint sérieux et déclara :

— C’est à ce propos, ma chère Lucie, que je t’ai dérangée ce matin. Je ne veux pas que tu attaches plus d’importance qu’il ne faut à une erreur… passagère… un premier entraînement. Surtout, je te recommande la discrétion…

Elle riposta avec un peu d’aigreur :

— Ne craignez rien. Mme Berchon ne le saura pas, je ne la vois plus.

Décontenancé, il avoua bêtement :

— Ah ! elle t’a dit… elle s’est trompée… je n’ai jamais songé…

Il se tut, sentant la vanité de ses excuses, et il la contempla. Elle lui parut embellie. Depuis Saint-Sauveur il la fuyait. Quand le hasard les rapprochait, il évitait le choc de ses yeux, le contact de ses doigts, son odeur, tout ce qui pouvait la rappeler à ses sens. Il avait ainsi étouffé ce germe de passion absurde. Mais à la