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de tes promesses, on t’a vue maintes fois en sa compagnie.

Elle sentit l’inutilité d’un mensonge et, feignant de chercher au fond de sa mémoire :

— Oui, ça se peut… le hasard des rencontres…

Indifférent à ces explications, il formula d’une voix plus haute :

— Eh bien ! ma chère amie, il ne faut pas que ça se renouvelle : Mme  Berchon a un amant.

Elle eut un geste de révolte :

— Henriette… un amant !

Il continua :

— Je m’exprime mal. J’aurais dû dire : Mme  Berchon passe pour avoir un amant. Qu’elle en ait un ou non, là n’est pas la question. Je ne veux pas discuter la moralité de cette dame, j’admettrai même son innocence. Toujours est-il qu’elle passe pour avoir un amant.

Il répétait cette phrase en scandant chaque syllabe avec une précision agaçante. Elle lança d’une voix aigre :

— Et tu as des preuves de cette infamie ?

Il parut très étonné, et il continua doucement :

— Je vois que nous ne nous entendons pas, ma chérie. Il ne s’agit nullement de la vie privée d’Henriette, mais des potins auxquels prête sa tenue extérieure. Et de ces potins j’ai des preuves malheureusement trop nombreuses.