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après déjeuner… et souvent mon mari nous laisse seuls.

Elle rougit, puis lâcha d’un air triomphant :

— Il me fait la cour !

Lucie tressauta. Ses yeux s’agrandirent. Elle dévisageait son amie comme si quelque miracle subit eût changé ces traits, ce front, cette bouche qui riait, ces dents qui brillaient, toute cette jolie créature, gracieuse et provocante. Mais une vive curiosité la brûlait et elle prononça :

— Alors, il vous aime ? il vous l’a dit ?

Henriette repartit :

— Il ne me l’a pas dit… tout à fait… seulement il y a des signes auxquels on ne se trompe pas…

— Lesquels, interrogea Lucie avidement.

Son amie la couvrit d’un regard de pitié, et, avec une nuance de dédain dans la voix :

— Mais des signes infaillibles, des yeux mourants, des soupirs, des allusions délicates. Une vraie femme devine les déclarations muettes, elle apprécie même l’hommage du silence que garde l’amoureux.

— Comme ce doit être amusant ! s’écria Lucie.

Quelque temps après, elle surprit Mme  Berchon en corset. Elle la complimenta :

— Vous êtes vraiment bien faite.

L’autre, flattée, répondit : « Pas si bien que