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la confondait. « Il ne manque pourtant pas, se disait-elle, d’indices capables de guider un homme expérimenté. » L’aveuglement de son mari lui suggéra quelque dédain et la conduisit au mensonge en d’autres circonstances.

Robert avait de la religion. Il pensait bien et pratiquait, non qu’il eût jamais approfondi cette matière, mais il estimait indispensable la croyance « aux traditions de nos aïeux » et communiait une fois l’an.

— Seulement, déclarait-il, ce qui suffit à l’homme ne suffit pas à l’épouse.

Et il avait obtenu de la sienne qu’elle remplît également ses devoirs aux fêtes de Noël, ce dont elle s’était acquittée sans conviction.

Avide d’indépendance, depuis son affranchissement, elle voulait se libérer, femme, de toutes les tâches ennuyeuses qu’elle subissait, jeune fille, sous la tutelle de sa mère. La dévotion étroite de Mme  Ramel, esclave des moindres règles prescrites, jeûnes, retraites, pèlerinages, vêpres, loin d’induire Lucie en piété, l’avaient au contraire prédisposée à la révolte. D’esprit trop restreint pour envisager la religion en dehors de ses cultes, elle la considérait uniquement comme la corvée la plus insupportable de son passé. Et de celle-là surtout elle tenait à se défaire.

Quand vint la semaine sainte, Robert lui dit :