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Elle répondit :

— Oui, mon père.

Il comprit que ses lèvres seules affirmaient ce repentir. Devait-il refuser l’absolution ? À quoi bon ! N’était-elle pas inaccessible au remords ? Sa chair ne présentait nulle tache avilissante. Comment lui persuader que l’âme, elle, reste flétrie éternellement ? Elle ne savait même point qu’elle avait mal agi. Sa vie eût recommencé qu’elle ne l’eût pas vécue autrement.

Il prononça les paroles sacrées.

Mme Chalmin partit. Lui, ne bougea pas, troublé.


À la maison, Lucie trouva René qui l’attendait, en vacances. Ils sortirent.

Le temps était chaud, le ciel ensoleillé. Ils marchèrent allègrement. Elle le serrait contre elle, un bras derrière son cou, sur l’épaule. Elle était fière de lui, de ses quinze ans, de sa sagesse, de son joli visage où se dessinaient certains de ses traits, à elle. La confession l’avait soulagée, lui semblait-il, de quelque fardeau incommode. L’avenir s’ouvrait, calme, large, un avenir qu’emplissait son fils. Des projets l’effleurèrent. Elle les traduisit. René les approuva. Certes ses aptitudes le destinaient au métier d’ingénieur, peut-être à la carrière des armes.