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dévote. La grâce ne la touchait pas. Mais les pratiques de l’église l’occupaient et lui paraissaient utiles. C’était un but de promenade, l’obligation de respirer l’air du matin. Sa santé s’en trouvait à merveille. Elle obéissait complaisamment à la discipline sévère des offices. Comme ses voisins, un coup de clochette la mettait debout, la jetait à genoux, l’asseyait, lui inclinait la tête, tournait les pages de son livre, lui imposait l’articulation mentale de telle prière. Elle éprouvait la petite fièvre des soldats à l’exercice quand une manœuvre réussit, que les bras retombent ensemble dans le rang, ou que les déclenchements des fusils ne forment qu’un bruit sec, au commandement : « Feu. »

Elle voulut se confesser. Cette envie la prit soudain, irrésistible. Mme Ramel, enchantée, lui signala un prédicateur de la Cathédrale. Elle y courut dans un accès d’exaltation.

Elle s’affranchit d’abord des péchés quotidiens, des péchés véniels, de ceux qu’on ne peut éviter. Puis elle s’arrêta, hésitante. Le prêtre dit :

— C’est tout, ma fille ?

Alors elle s’attaqua bravement à son passé. Sa vie se dévoila, sa vie d’adultère. Ce fut long. Le prêtre, atterré, ne cessait de l’interroger. Elle répliquait aussi exactement que sa nature l’y autorisait. À la fin il murmura :

— Vous repentez-vous, mon enfant ?