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Mme Berchon m’a grièvement offensée. Je me suis tue, par dignité, et j’ai eu raison, car vous voyez à qui j’avais affaire.

Ce départ d’Henriette l’obsédait. Elle en rabâchait à Robert les péripéties probables. Devant son fils même, elle ne se contenait pas.

Il advint que René, disputant avec Max, lui jeta des injures sur sa mère. Max, doué de muscles plus solides, lui administra une correction un peu brutale et lui cassa deux dents d’un coup de poing. Lucie se plaignit. On voulut obtenir des excuses du jeune Berchon. Il refusa. Il fut renvoyé. Ce changement de pensionnat détraqua ses habitudes. Il n’eut plus d’ardeur au travail. René décrocha le prix d’excellence. Quelle victoire pour Lucie !

Entre M. et Mme Chalmin l’entente ne cessait de régner. Jamais la moindre querelle ne troublait leur bonne intelligence. Elle le prisait beaucoup.

Elle ne se sentait aucun repentir envers lui. Un jour elle s’assit sur ses genoux et prononça :

— Regarde-moi bien en face et réponds-moi franchement.

Comme il riait de cette solennité, elle le gronda :

— Non, sois sérieux, c’est une inquiétude qui me tourmente souvent et dont je voudrais