teté, sa voiture, plus tard le voyage en Suisse, plus tard l’éducation de son fils et sa lutte contre Mme Berchon. Ces divertissements, bien que mesquins, avaient adouci cependant la brutalité de la transition. Ils masquaient un vide qui, sans eux, eût paru intolérable. D’autres, analogues, qui leur succédèrent, finirent même par constituer, avec l’habitude, des distractions équivalentes pour Lucie à ses débauches anciennes.
Mais, avant tout, l’arrêtait un obstacle invincible : la maladie avait déformé son corps. La taille s’était épaissie, les seins tombaient, des rides notamment rayaient le ventre. Quoiqu’elle refusât de se l’avouer, la conscience sourde de ces imperfections abolissait l’envie d’étaler sa nudité. Son orgueil ne fléchissait pas, elle en enfermait le culte en elle-même, comme une religion mystérieuse dont elle était, à elle seule, la prêtresse et la foule des croyants.
Elle ne souffrait point de ce sacrifice. Tant de fois elle avait offert son corps et surpris l’extase des élus admis à le contempler, qu’elle se trouvait blasée sur cette catégorie de jouissances.
Du reste, quels que fussent les motifs auxquels obéît Mme Chalmin, elle ne s’embarrassait pas à les démêler. Elle constatait ceci, simplement : sa conduite ne lui convenait plus, elle vivait donc d’autre sorte. Jamais même elle ne