Certains côtés paresseux de son caractère se modifièrent. À huit heures quand René rentrait, elle lui corrigeait ses devoirs français, lui serinait ses leçons, vérifiait l’exactitude de ses problèmes. L’enfant s’endormait. La mère, infatigable, veillait.
Elle apprit à lire le grec. Le matin des compositions de mémoire, elle se levait à cinq heures et, une dernière fois, lui racontait les prouesses de Cyrus et d’Alexandre, ou lui redisait les principaux fleuves d’Asie.
À ce régime, René, d’intelligence assez vive, progressa. Il réussissait principalement en calcul, en histoire naturelle, en physique. Il ne « mordait » pas aux belles-lettres. Cette différence bien tranchée prouvait une vocation réelle. Sa mère ne s’y trompa point. Elle le sacra aspirant à l’École Centrale et ingénieur.
De doux projets la bercèrent.
Enfin, René dépassa son rival en arithmétique, puis en botanique. Lucie goûta des joies ignorées. Son aversion en fut affaiblie. Elle redoubla d’efforts. René se maintint à un rang très honorable. Maxime cependant gardait sa prépondérance.
Cet hiver-là les Chalmin reçurent beaucoup. On ne doit pas se laisser oublier. Ils se libérèrent de tout un arriéré de politesses à rendre.