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entrait, elle courut à lui et le cingla de deux gifles.

— Tiens, tiens, polisson, petite brute.

Une querelle scandaleuse s’ensuivit. Les deux mères, protégeant leurs enfants tapis derrière elles, s’invectivaient. Des injures grossières furent échangées. Elles se convainquaient de turpitudes réciproques. On cherchait à les séparer, mais Henriette, hors d’elle, s’écria :

— Vous savez, Mesdames, cette gueuse qui élève la voix, eh bien, je l’ai chassée de chez moi.

— Vous mentez, dit Lucie, d’un ton faux.

L’autre vociféra :

— Je mens, moi ! écoute, si tu le répètes, je dirai pourquoi je t’ai chassée.

Mme  Chalmin eut peur. Elle bredouilla en s’en allant :

— Est-il possible d’inventer de pareilles choses ?

Elle n’osa plus continuer ouvertement ce duel inégal. Elle défendit à son fils de parler à Max.

— Sa mère est une vilaine femme, je ne puis pas t’expliquer cela, tu sauras plus tard.

Vaincue, elle chercha une revanche. Somme toute son désavantage résidait dans les insuccès hebdomadaires de René. Elle le fit travailler, lui servit de répétiteur. Et elle entretenait en elle une rage si violente et si opiniâtre que ce zèle persista.