On dînait parfois au restaurant de Paris. Et l’on revenait le soir. Des clairs de lune argentent la mer. Un doux bruissement de flots monte. Les odeurs sont plus capiteuses. Les sabots des chevaux résonnent plus nettement au pied des hautes montagnes.
Ces dames s’écriaient : « C’est merveilleux… magnifique… une apothéose de féerie. » Lucie s’intéressait au phare de Saint-Jean. Elle étudia les intervalles de lumière et d’obscurité. Et elle prédisait la seconde exacte du changement.
Le départ approchait. Elle ne le désirait ni ne le redoutait. Elle ne se traça aucun plan de conduite. Pas plus que dans son passé, elle ne pénétra dans son avenir. Que serait-il ? Elle n’en savait rien, ne se le demandait même pas. Les projets fatiguent. Trop d’imagination surexcite. L’espérance et le souvenir sont des hôtes perfides. Le bonheur consiste souvent à sécréter de petits rêves, courts, immédiats, positifs, les rêves d’un estomac qui digère facilement, les rêves d’une chair bien portante.