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bras de Lucie. Lucie ôta son gant et posa sa main nue dans la main de Robert. Ils s’avançaient à petits pas, sur le sable fin de l’allée.

— Appuie-toi bien, Lucie, disait-il.

Elle disait :

— Robert, soutiens-moi bien.

Autour d’eux gambadait leur fils.

La prudence voulait une halte. Ils s’assirent sur un banc. Après une minute de contemplation, Mme Chalmin prononça :

— Comme le bleu du ciel rend la mer bleue !

Il rectifia :

— Non chérie, c’est le bleu de la mer qui rend le ciel bleu.

— Bah ! conclut-elle, pourquoi serait-ce l’eau qui est bleue et non pas l’air ?

Il sourit avec indulgence. Ils se turent.

Du côté du Var, des maisons ponctuaient la rive de taches blanches. Le cap Ferrat, à gauche, s’allongeait comme une bête accroupie. L’immensité était déserte, inanimée. La mer expirait à leurs pieds, en ondulations molles et silencieuses. Quelle poésie ! Il murmura :

— Te souviens-tu de notre coucher de soleil à Locmariaquer ?

Elle riposta :

— Et toi, te souviens-tu de notre clair de lune à Roskoff ?

Leurs mains se cherchèrent.