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À la fin de décembre, elle eut l’autorisation d’essayer ses forces. Elle n’en profita point encore, réservant à son mari la joie de guider ses premiers pas.

Elle pensait souvent à lui. C’étaient des pensées amicales où il s’érigeait en être excellent, intelligent, de figure avenante et de caractère facile. Toute son existence se déroulerait auprès de cet homme que la loi faisait le maître de sa destinée, que leur sympathie mutuelle et leurs goûts communs rendaient un agréable compagnon. Et elle se félicitait que ce fût lui, et non pas un autre, à qui le hasard l’eût décernée. Ils s’écrivaient des lettres touchantes.

Elle se para coquettement pour le recevoir. Au bruit de son arrivée, les battements de son cœur s’accélérèrent. Un afflux de sang colora ses pommettes.

Ils s’embrassèrent d’une étreinte cordiale. Puis, se reculant, ils s’examinèrent. Enfin Lucie déclama :

— Je craignais de ne jamais te revoir.

Elle le questionna longuement sur sa conduite, sur ses affaires commerciales, sur ses fréquentations, sur l’emploi de ses soirées. Ils s’entretinrent jusqu’à minuit.

Le lendemain s’effectua le grand événement. Ils l’enjolivèrent, par un accord spontané, d’exquis enfantillages. Robert mit son bras sous le