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Cauchoise, leur bonne entente se manifesta d’une façon continue. Si l’un d’eux choisissait un tapis, une tenture, un meuble, l’autre approuvait inévitablement.

— Nous sommes toujours du même avis, mademoiselle et moi, n’est-ce pas ? s’écriait Chalmin.

Et il concluait de cette similitude de goûts à la similitude de leurs tempéraments et de leurs natures.

Il s’en disait fort épris. Durant le dîner où il enterra sa vie de garçon, il ne put s’empêcher de le proclamer :

— Mes chers amis, j’aime ma fiancée, et j’ai la certitude qu’elle m’aime aussi.

Sa verve, l’aisance de ses manières inspiraient à Lucie une grande admiration.

Elle avait eu une enfance morne, entre une mère dévote et une vieille parente qui lui servait d’institutrice. Elle voyait peu son père que retenaient au dehors ses fonctions et ses habitudes dissipées. Une sympathie secrète la poussait vers lui cependant, mais les plaintes incessantes de Mme Ramel contre son mari réfrénaient ce désir. Et l’enfant grandissait, sans amies, comprimée par les deux femmes qui la bourraient de maximes pieuses, de lectures édifiantes et de reproches perpétuels.

Robert étant le premier homme qui pût ap-