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Henri restait confondu, l’esprit tumultueux. Il ne s’expliquait pas cette créature complexe. Un problème surtout le hantait.

— Pourquoi donc avez-vous des amants ?

— Mon Dieu, s’écria-t-elle en riant, parce que…

Elle s’interrompit, ne sachant que répondre, comme un marcheur s’arrête soudain devant quelque abîme insondable.

Il insinua :

— Votre mari, peut-être ?

Elle dit vivement :

— Oh ! non… c’est plus fort que moi, c’est si amusant !

Elle lui laissa un souvenir pénible. Il ne put travailler. Une inquiétude lui crispait les nerfs. Il s’ingéniait puérilement à déchiffrer ce caractère au moyen des indications superficielles qu’il détenait. Une soirée fiévreuse l’épuisa.

— Bah ! conclut-il en s’endormant, à quoi sert-il de se creuser la tête ? Ce sera une exquise maîtresse, et demain je ne la manque pas.

Mais une déconvenue cruelle l’attendait. Soit lassitude physique, soit plutôt excès maladif d’imagination, ses sens le trahirent. La peur de défaillances analogues provoqua fatalement d’autres échecs. Malgré ses efforts et la délicatesse de Lucie, il ne put la prendre.

Elle l’intimidait. Avec une courtisane, on se