Trois dimanches consécutifs, elle recommença. Louis s’abandonnait. Mais le quatrième, comme il implorait ses caresses, elle le rudoya. Cela l’ennuyait. L’enfant l’aimait. Il fut malheureux.
Elle ne le sut pas. Dévoré de remords, il cachait sa passion comme une honte. Il volait les vieux gants et les fleurs fanées. Avec des cheveux pieusement arrachés au peigne de sa maîtresse, il se fit tresser une bague dont le prix absorba ses économies. Il se fortifia dans l’étude du dessin, et il tâchait de confier à un bout de papier furtif une ressemblance qui le fuyait.
Comme auparavant, Lucie n’attachait aucune valeur à sa présence. Sans intention méchante, elle laissait ouverte la porte de son cabinet de toilette. De loin, les yeux pleins de grosses larmes, il contemplait cette chair blanche, désormais inaccessible. Une fois, comme Lucie raillait les manches trop courtes de sa tunique, il s’abattit sur elle et il sanglotait :
— Tante, tante, ne vous moquez pas, j’ai du chagrin.
Elle le consola, et elle se disait en elle-même :
— Est-il bête d’être susceptible à ce point-là, ce gamin.
Il négligea ses devoirs, eut de mauvaises notes, et ses joues se creusèrent. Sa mère lui enjoignit de boire du quinquina.