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gantesque crâne chauve, où se hérissaient quelques cheveux droits.

Mais un bruit, à peu de distance, la sortit de sa rêverie. Accoudé contre un balcon, un homme qu’elle n’avait point aperçu, la regardait, une palette et des pinceaux à la main, une grande toile debout près de lui.

C’était un chalet normand, de proportions mignonnes, en plâtre rugueux rayé de poutres marron. Des ornements en bois foncé le décoraient, des volets, un escalier qui l’accolait extérieurement, puis le balcon qui le contournait, et le toit dont les vastes ailes le coiffaient d’une manière vieillotte et drôle. Au rez-de-chaussée, dans une niche de verdure, une Pallas de bronze montrait ses orbites mornes.

Lucie se remit en marche. En face de l’individu elle fit une nouvelle halte et leva les yeux hardiment. Ils se dévisagèrent. À la fin, il interpella :

— Excusez, Madame, mon sans-façon, mais je vous ai vue admirer ce paysage, et je serais heureux de vous soumettre le tableau que j’en ai commencé. Est-ce trop demander ?

Elle répondit en minaudant :

— Pas du tout. Monsieur. Je m’y connais bien peu, mais j’aime tant la peinture !

Elle franchit un jardinet inculte, semé de grosses pierres éparses. Ils se rejoignirent au