communauté, si vous n’y voyez pas d’inconvénients.
Lorsque tout fut conclu, ils consacrèrent une minute à exposer sommairement le caractère respectif des deux jeunes gens, puis une autre à célébrer l’inévitable béatitude qu’ils goûteraient ensemble. Il ne leur restait plus qu’à obtenir l’approbation de la principale intéressée.
On la manda, et Mme Ramel lui dit gravement :
— Ma chère enfant, M. Chalmin nous fait l’honneur de te demander en mariage. Ne te presse pas. Consulte-toi.
Debout, les yeux baissés, Lucie se taisait. Depuis longtemps préparée à cette démarche, elle n’éprouvait aucun plaisir, rien qu’une certaine vanité peut-être. Elle évoqua Robert. L’aimait-elle ? Elle ne savait pas. L’aimait-il, lui ? Elle ne savait pas. Tout cela était très obscur. Cependant elle désirait se marier. Pourquoi ? Elle ne savait pas non plus. De courtes visions d’avenir l’effleurèrent : une promenade en bateau, sur un lac, le soir, avec Chalmin en face d’elle, et autour un paysage suisse, — puis un salon où elle se tenait, assise auprès de la lampe, et des dames en chapeau qui entraient et sortaient, — puis un enfant qui jouait à ses pieds, la chair rose, les joues bouffies. Ces vagues perspectives lui agréaient. Son cœur battit un plus (sic = peu) plus vite.