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— Rien ne te dégoûte, s’écriait-il, écœuré, tu es fille jusqu’au fond de l’âme.

Vers le milieu de septembre, Lucie se présentant chez lui à l’improviste le trouva parmi des malles et des caisses, où il empilait ses affaires. La plupart des meubles étaient emballés dans de la toile et couverts d’armatures en bois. Du foin jonchait le plancher.

Elle pâlit. Sa main chercha le mur. Il dut l’asseoir, lui ôter son chapeau et ses gants, et elle le considérait en silence, de ses yeux hébétés et douloureux, tandis que ses lèvres épelaient des syllabes muettes.

Il s’agenouilla :

— Allons, Lucette, un peu d’énergie, il faut me montrer que tu m’aimes et tâcher que notre séparation ne soit pas trop pénible.

Elle put bégayer :

— Tu t’en vas… tu t’en vas comme ça… tout de suite ?

— Oui, ma Lucette, c’est nécessaire ; la vie n’est pas possible ici. Mais je ne vais pas loin, à Paris seulement, et de Paris, en deux heures…

Elle hocha la tête :

— Non, non, je le sens, c’est fini…

Il protesta. Mais elle recouvrait ses forces et elle lui dit :

— Ne promets rien. Si je te revois, tant mieux. Quand pars-tu ?