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Les flétrissures de sa maîtresse le réconfortaient. Mais aussi des révoltes grondaient en lui, contre cette femme qui salissait le nom de son ami.

Il se demanda si son devoir ne l’obligeait pas à prévenir Robert. Après de mûres réflexions, il s’y détermina, et même, au préalable, s’en ouvrit à Lucie qui fut bouleversée.

En effet il se présenta boulevard Cauchoise. Mme  Chalmin, très anxieuse, n’osait pas quitter ces messieurs. On se mit à table. Le repas fut embarrassé. Aux liqueurs, elle se retira, pas forfanterie, par un besoin d’émotion, et elle attendit la catastrophe imminente.

Elle comptait les minutes. Maintenant son mari savait tout. Qu’allait-il faire ? La chasser ? La tuer peut-être ? Elle frémit, la peau en sueur, un vide froid à la poitrine.

Boutron cependant disait à Chalmin :

— Vous avez l’air bien heureux, tous deux.

— Oui, affirma Robert, nous nous entendons parfaitement. Il faut te marier, vois-tu, c’est encore ce qu’il y a de mieux… quand on tombe sur une femme comme la mienne.

Armand n’eut pas le courage de le désabuser.

Après cette alerte, Lucie crut sage de ménager la conscience de Boutron. Elle suspendit ses visites. Puis de grosses préoccupations la ramenèrent du côté de Javal.