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niaise ou empruntée. Son approbation la ravit.

Quand elle parvint au terme de ses exploits, il s’écria :

— Déjà fini !

Elle fut navrée. Il la pressait de questions, et elle regretta vaguement de n’y pouvoir satisfaire.

Alors, comme il insistait, elle s’attribua quelques intrigues, propres à le dédommager.

Enfin, Lucie aimait. Elle se l’affirmait à tout instant : « J’aime, il n’y a pas à le contester, j’aime. » Quelle différence, d’ailleurs, avec ses caprices ! Jadis elle se divertissait. Un penchant plus ou moins réel la portait vers tel individu plutôt que vers tel autre. Aujourd’hui la sincérité de sa passion était indubitable.

Elle renia même Gaston de Sernaves, une simple toquade, un rêve de printemps. Son titre, le cadre de leur liaison, la splendeur de son yacht, la solitude des îles, la majesté du fleuve, la pourpre des collines incendiées par les couchers de soleil, toutes ces circonstances accessoires avaient engendré une illusion ridicule.

Mais là, rien de semblable. On traversait une fin d’hiver affreuse. Elle accourait mouillée, les pieds froids. Souvent personne, pas de feu non plus. Elle devait l’allumer, descendre parfois à la cave et remonter du bois. La domestique,