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ce qui resterait dans la boutique. Puis ils causèrent. Il avait une conversation d’une drôlerie originale, sautant d’une idée à l’autre, sans jamais un mot sérieux. Elle s’amusa.

La vente finie, elle alla chez lui, rue de la Cigogne, une vieille rue sombre. Il habitait là un étroit pavillon à un étage, avec une pièce en bas et une chambre en haut. La bonne d’un café voisin lui servait de domestique. Il mangeait au restaurant.

Il la traita comme une maîtresse de passage, comme toutes celles que séduisaient ses airs de gamin corrompu. La femme comptait si peu pour lui, elle qui cependant remplissait son existence et la détruisait. C’était son camarade de fête, sa bête de joie. Il la désirait sans jamais l’aimer, la trompait sans le vouloir et la délaissait aussitôt son caprice assouvi.

Il ne murmura pas un mot de tendresse. Toute déclaration lui répugnait. Il bavarda sur des sujets quelconques avec une bouffonnerie cocasse. Et, tout en la déshabillant, il lui racontait des histoires scabreuses entremêlées de baisers. Ses caresses procurèrent à Lucie une volupté qu’elle ne devait pas oublier.

L’heure du dîner approchait. Ils se dirent adieu. Mme  Chalmin le pria de fixer une prochaine entrevue. Il répliqua :

— Je t’écrirai, poste restante.