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artiste. Elle fut séduite. L’envie d’exercer une revanche contre M. de Sernaves la hanta. Et se rappelant un détail qu’elle avait noté dans l’établissement, elle dit :

— Allez où je vais et commandez un bain sulfureux.

Il se conforma à cet ordre, vida sa baignoire, s’assit, et parcourut un journal. Tout à coup il s’avisa qu’on ébranlait un petit guichet, situé au-dessus des deux robinets. Il tira le verrou. Le battant s’ouvrit. Il se précipita : Lucie sortait de l’eau. Les gestes tranquilles, le visage calme, elle sécha lentement son corps avec des serviettes tièdes et douces. Puis, silencieuse, elle ferma le guichet.

Dehors, l’homme l’attendait. Il l’accompagna en se tenant à quelque distance et, d’une voix saccadée, il articulait :

— À tantôt, deux heures, ici…

Par malice, Lucie répondit qu’elle ne pouvait point. Il repartit :

— Alors je vais chez moi, à Paris… je reviendrai dans trois ou quatre jours, vendredi, voulez-vous ?

Il insistait en tremblant :

— Il faut, il faut que je vous voie encore, je ne vous toucherai pas si cela vous déplaît, je vous admirerai, il faut que je vous admire.

Elle promit.