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de s’informer de leurs amours, de leurs pensées, des occupations particulières qu’elles se créaient. Elles devaient employer des odeurs spéciales, des pâtes et des savons inusités. Que mangeaient-elles ? Et à quelle heure ? Évidemment l’avenir les rendait soucieuses…

Verdol continuait :

— Ah ! voici l’épouvantail de Rouen, le frère de la belle Henriette, Marcel Lebon, anarchie et spécialité de femmes mariées. Grande dame, boutiquière ou cocotte, il les trouve toutes jolies, si elles sont pourvues d’un époux. Nul doute que sa compagne, cette grande magicienne voilée, ne soit dans ce cas.

— Si j’allais les intriguer ? fit Lucie.

— Va, femme du monde, je te surveille.

Elle marcha vers eux et dit :

— Marcel, moi aussi, je suis mariée.

Il répondit sentencieusement :

— Le mari est la beauté de la femme.

Et il demanda :

— As-tu trompé le tien ?

— Non, pas encore.

— Que ceci, donc, prononça-t-il, te serve de début.

Il lui prit la taille, de ses lèvres écarta la dentelle de son masque et lui baisa la bouche.

— Tu es marquée du sceau des élues, je te bénis.