Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/204

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tumés à s’ennuyer, et que déroute une occasion de plaisir.

Mal à l’aise, Lucie se promena dans les couloirs déserts. Elle s’était fabriqué un long fourreau de soie, simple et collant, encerclé, sous la poitrine, d’un ruban d’or, en guise de ceinture. Des manches très bouffantes élargissaient ses épaules. Un vaste chapeau, à capote carrée, à visière immense, lui écrasait la tête.

On finit par remarquer son costume. Son isolement fit naître la curiosité. On s’interrogea. Personne ne la connaissait. Des groupes commencèrent à l’entourer, d’où on l’apostrophait en termes équivoques. Elle s’adossa contre un mur, les mains ballantes. Elle cherchait à répondre et ne savait que dire. Quelqu’un voulut soulever son loup.

L’irruption de Verdol la délivra.

— À bas les pattes, Messieurs, vous ne voyez donc pas que cette Merveilleuse est une femme du monde, je la prends sous ma protection.

On éclata de rire. Mais elle, flattée, s’imaginant qu’il avait deviné son incognito, lui pressa la main en murmurant :

— Je vous remercie.

Ils se postèrent en un coin de la salle, entre deux massifs d’arbustes. Verdol, jouant respectueusement son rôle de guide, la renseigna sur les masques qui défilaient.