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La résistance d’Adrien ne pouvait durer. Une après-midi, Mme  Berchon, obligée de sortir, laissa son amie seule. La trahison s’opéra.

Cette époque fut pleine de charmes. Les Bouju-Gavart arrivant, Mme  Chalmin se prodigua. Toutes les minutes de son existence étaient occupées et d’une façon diverse. Forcée de vaincre les remords de M. Berchon, elle dut constamment attiser l’ardeur de son désir. Elle ne pouvait, sans éveiller les soupçons, renoncer au commerce salutaire de Mme  Bouju-Gavart, et il lui fallait, en outre, consacrer de temps en temps quelques heures à parrain.

Tout cela nécessita, pour garder la confiance de sa mère et de son mari, pour endormir les inquiétudes de M. et Mme  Bouju-Gavart, et pour tromper Mme  Berchon, une série de mensonges inextricables dont elle s’acquitta avec l’habileté la plus consommée.

Cette situation se maintint jusqu’à la fin de l’année, puis s’atténua. La passion de parrain fléchissait. Des symptômes de diabète se déclarant, il estima prudent de ne conserver sa filleule que comme une maîtresse agréable, toujours prête quand le fouetterait un caprice passager.

Enfin, Mme  Chalmin se lassait de M. Berchon. Un incident absurde gâta cet état de choses qui se dénouait d’une manière si pacifique.