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mari, maintenant ! Et aussi quelle revanche sur Marthe dont elle subissait toujours l’ascendant inexplicable ! Elle consentit à des rendez-vous.

Quand le ménage s’en alla, Lucie le conduisit au train. Les adieux arrachèrent des larmes. Et par la fenêtre ouverte, les époux penchés lui envoyaient des baisers et agitaient leurs mouchoirs.

Elle en fut tout attendrie. C’est si bon d’être aimée !

Le désarmement d’Adrien Berchon requit un effort qu’elle ne prévoyait pas. Mais il s’agissait de tromper Henriette et elle s’y adonna de toute son énergie.

Une manœuvre lui réussit surtout. Elle avait copié un « saut de lit », une sorte de peignoir en soie imaginé par Mme Berchon, long, ample, agrafé sur la hanche, et dont les deux pans, en se croisant, réglaient le décolletage.

Elle dit à Henriette :

— Ta chambre est libre, je vais le mettre.

Elle disparut. Au bout de quelques minutes, elle appelait :

— C’est ravissant, viens donc voir.

Adrien, un peu énervé, ricana :

— Et moi, suis-je de trop ?

— C’est l’affaire de votre femme.

Mme Berchon acquiesça :

— Du moment qu’il t’a vue au bain…