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— Moi aussi, Adrien m’a priée de vous éviter, on racontait sur vous des choses !…

Elles soupirèrent :

— Comme on est mauvais !

L’injustice de leurs époux les indigna, elles se ligueraient contre eux.

— Écoutez, dit Henriette, nous sommes descendus à l’hôtel de Normandie. Nous y avons fait la connaissance de gens très bien, des Parisiens, M. et Mme Miroux. Nos maris s’en vont les après-midi à la pêche ou en excursion. Venez, je vous présenterai Marthe Miroux. Elle est charmante.

L’amitié des deux femmes renaquit, plus impérieuse et plus communicative. On lâcha tous ses secrets. Qu’avait-on à se cacher ? Henriette énuméra ses diverses coquetteries, intrigues inachevées qu’elle brisait toujours avant le dénouement. Lucie, pour n’être point en reste, arrangea d’une manière honnête trois ou quatre de ses aventures. Elles furent frappées de la similitude de leurs goûts. Mme Chalmin les définit ainsi :

— C’est adorable de voir la joie que vous inspirez par un mot gentil, le chagrin que cause votre maussaderie, le désir dont s’allument les yeux qui vous contemplent. Quant à moi, je ne souhaite rien de plus. Je veux bien m’amuser, je ne ferme pas la bouche à ceux qui me disent leur amour, mais c’est tout.