Page:Leblanc - Une femme, 1893.djvu/132

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pas. Qu’avait-elle fait ? Qu’avait-elle dit qui déterminât en lui cette explosion de désirs ? Elle ne se souvenait pourtant d’aucun geste équivoque, d’aucune coquetterie.

Incapable de trouver une cause suffisante à ces crises, elle finit par les attribuer à la toute-puissance de sa séduction. Elle se créa, de cette manière, de belles joies d’orgueil.

René se rétablit. Dès lors sa mère simula un malaise qui nécessita la visite quotidienne du docteur. Chalmin n’y assistait que rarement. Mais l’appréhension de son arrivée doublait l’acuité de leurs plaisirs.

L’audace de son amant épouvantait Lucie. Il l’étreignait au hasard, sans nul souci de la bonne ou du mari qui pouvaient survenir. Un soir, ce fut un bruit de pas, le pas de Robert qui désenlaça leurs bras. Cette nuit-là des cauchemars la réveillèrent en sanglots.

Danègre cependant goûtait fort le charme de cette liaison, qui régularisait peu à peu les emportements de sa nature, et il multiplia si bien les occasions de voir sa maîtresse que M. Bouju-Gavart en fut alarmé.

Corrigé de sa forfanterie, et n’espérant plus se guérir, parrain rôdait humblement autour de Lucie, vaincu, misérable, et il avait des attitudes contrites et soumises dont elle se divertissait avec méchanceté.