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« Ne bougez plus de là sans ma permission, Patricia. Toi non plus, Rodolphe », recommanda-t-il.

Les fenêtres de la chambre ne dominaient le jardin que de deux à trois mètres. En dessous, trois gardes s’organisaient pour coucher à même le gazon.

Horace mit ses deux mains sur les épaules de la jeune femme et, sans que Rodolphe pût entendre, lui demanda, la voix altérée :

« Je ne suis pas arrivé trop tard, Patricia ?

— Non, murmura-t-elle, fixant ses yeux sur les siens. Non, mais il était temps. Le délai que ce misérable m’avait accordé expirait à midi.

— Et vous étiez résolue ?…

— À mourir, oui.

— Et Rodolphe ?

— Rodolphe serait venu à Auteuil se mettre sous votre protection. Mais quand j’ai pu vous l’envoyer, j’ai été tranquille… J’ai attendu avec confiance… J’étais sûre que vous me sauveriez !

— C’est Rodolphe qui vous a sauvée, Patricia. Quel brave petit gosse ! »



Chapitre VI

La revanche de Maffiano


Pendant sa détention dans l’hôtel de la rue de La Baume et quelques jours avant d’être libérée par son fils et par Horace Velmont, Patricia avait écrit un nouvel article pour Allo-Police. Achetant d’une bague les bons offices d’une servante, elle avait pu le faire câbler à New York. Ce second article fit encore plus de bruit que le premier. Traduit dans toutes les langues, il passionna le monde entier. Sur la demande expresse de Velmont, Patricia n’y parlait pas de sa rencontre avec celui-ci. Mais elle s’attribuait les découvertes qu’il avait faites concernant notamment la signification réelle du nom Paule Sinner et de la lettre isolée « M », ainsi que l’existence d’une association appelée « La Maffia ».

Immédiatement cette explication proposée par Patricia fut adoptée par le public. C’était d’une clarté parfaite et d’un intérêt palpitant. La police laissa dire et laissa croire. Après l’alerte d’Au-