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vain, il le parcourait, aux aguets, un revolver à la main… Personne… Cependant, dans la pièce voisine de celle où il se trouvait, un frôlement, une respiration, le craquement parfois d’une lame du plancher lui apprenait que quelqu’un était là… Il accourait… plus personne… pas une ombre, pas un bruit… À peine parfois entendait-il des pas qui s’enfuyaient. Puis le silence retombait. Il enrageait, confondu par tant de diabolique adresse. L’issue secrète restait pourtant close. Comment ces gens entraient-ils ? Chez lui ! Chez lui, Arsène Lupin !

Mais au cours de la treizième nuit, dans le silence, un léger grattement se fit entendre du côté de la cloison qui séparait l’alcôve du passage secret.

Horace, qui lisait dans son lit, tendit l’oreille. Le grattement se précisa et fut accompagné d’une sorte de miaulement bizarre. Il crut à la plainte d’un chat perdu, sauta hors de son lit et tira le panneau tout en allumant l’électricité.

Sur le palier de l’escalier secret qui s’enfonçait dans l’ombre, un enfant attendait, un enfant au visage fin et charmant, aux boucles blondes et habillé en petite fille.

« Qui es-tu ? Qu’est-ce que tu fais là ? » demanda Velmont ahuri. Mais il savait déjà qui était l’enfant avant que celui-ci eût répondu :

« C’est moi, Rodolphe. »

Il grelottait et semblait épuisé.

Horace l’empoigna, le tira dans la chambre, l’interrogea avec une ardeur frémissante :

« Où est-elle ? C’est elle qui t’envoie ? Il ne lui est rien arrivé ? D’où viens-tu ? Parle, enfin ! »

L’enfant se dégagea. Il semblait avoir repris toute son énergie, l’énergie de sa mère.

« Oui, c’est elle qui m’envoie… Je me suis sauvé pour venir vous chercher. Mais ne parlons pas tant ! Agissons d’abord. Venez !

— Pour aller où ?

— Chercher maman, l’homme ne veut pas qu’elle sorte ! Mais, moi, je sais ce qu’il faut faire ! Obéissez-moi ! »

Malgré que la situation fût tragique, étant donné les dangers que courait Patricia, Horace ne put s’empêcher de rire.

« Très bien, dit-il en riant. Puisque monsieur Rodolphe sait ce qu’il faut faire, je n’ai en effet qu’à obéir… Vas-y, prince Rodolphe.