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qu’à peine ; elle avait laissé échapper le sifflet d’argent et appelait faiblement :

« Au secours ! »

À ce moment, on entendit le violent assaut de Velmont contre la porte qui gémit.

« Ah ! je suis sauvée ! Le voilà ! » murmura la jeune femme, qui retrouva des forces pour tenter de se dégager.

Maffiano resserra son étreinte.

« Sauvée, pas encore ! »

Mais la porte craquait ; par l’issue secrète, les deux complices avaient fui. Le bandit écuma de rage.

« J’aurai au moins une compensation », gronda-t-il.

Se penchant brusquement, il voulut baiser les lèvres de la jeune femme.

Mais il ne put que l’effleurer. Elle s’était rejetée en arrière et, de ses ongles, révoltée par l’odieux contact, elle lui lacéra le visage.

« Misérable ! Brute immonde ! » râla-t-elle, luttant farouchement contre l’homme qui l’avait ressaisie.

Soudain, la porte tomba, Maffiano n’eut même pas le temps d’entrevoir Velmont qui se précipitait sur lui. Le bandit reçut un coup terrible sous le menton. Il lâcha Patricia, chancela. Une série de gifles rageuses le remirent debout, le dégrisèrent. Il voulut fuir, mais l’issue était refermée. Alors il revint vers le milieu de la chambre, tira son revolver, s’assit et dit à Velmont, qui apprêtait aussi le fusil qu’il n’avait pas lâché :

« Tout à l’heure, Velmont. Remisons nos armes pour le moment, tous les deux. Des types comme nous se combattent, durement, sans merci, mais ne se tuent pas sans une explication préalable. »

Velmont haussa les épaules.

« C’est pourtant ce que tu voulais faire il y a un moment, me tuer sans explications. Enfin, causons si ça t’amuse, mais sois net et précis !

— Voilà ! Tu m’as dit ce soir, pendant la fête chez Angelmann, que tu réclamais notre belle Patricia pour toi, parce que tu l’aimais… Rien à faire… Il faut que tu saches que tu n’as aucun droit sur elle.

— J’ai les droits que je prends et ceux qu’elle me donne. »

Un éclair passa dans les yeux du bandit.

« Je m’oppose…

— En ce cas, adresse-toi à un huissier ! coupa