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trique. Son autre main libre était prête à le saisir à la gorge.

Horace eut un rire sec.

« Oui, c’est bien toi, Amalti di Amalto, baron de Maffiano, dit-il gouailleur. C’est toi « Le Sauvage ». Oblique un peu pour nous laisser le passage libre. T’as pas une gueule que j’aimerais rencontrer au coin d’un bois, tu sais… Et même ici, je préfère me garer de toi. Je n’ai pas envie que tu me zigouilles comme tu as zigouillé ce bon M. Mac Allermy, ton patron, sans parler de l’attorney Frédéric Fildes !… Et puis, dis donc, veux-tu un bon conseil ? Laisse tranquille Patricia Johnston. »

Le bandit avait eu un mouvement de recul. Il répondit :

« On nous l’a signalée de New York comme dangereuse pour nous…

— Eh bien, je te la signale de Paris comme inoffensive. D’ailleurs assez parlé. Je l’aime. Donc elle est sacrée. Ne t’avise pas d’y toucher, Maffiano… sans cela…

L’homme gronda :

« Toi… Un jour ou l’autre…

— Plutôt l’autre, mon garçon. Et dans ton intérêt… Tu n’as rien à espérer contre moi… au contraire.

— Tu es Arsène Lupin.

— Raison de plus ! Allons file ! Passe ton chemin presto ! Et occupe-toi de la Maffia de Maffiano sans t’occuper de nous. C’est plus prudent, crois-moi… »

Le bandit hésita un moment puis, brusquement, plongea dans l’ombre, comme s’il eût piqué une tête dans l’eau.

Horace et Patricia quittèrent le jardin et traversèrent la grande salle vide. Pendant que Patricia prenait son manteau au vestiaire, Horace s’inclina devant la baronne Angelmann pour prendre congé d’elle.

« Très belle votre nouvelle conquête, murmura la baronne avec plus de dépit que de raillerie.

— Très belle en effet, dit Horace gravement. Mais ce n’est pas une conquête, c’est une amie d’outre-Atlantique qui ne connaît pas Paris et m’a prié de la reconduire jusqu’à sa porte.

— Seulement ! Pauvre ami, vous n’avez pas de chance !

— Tout vient à point à qui sait attendre », dit sentencieusement Horace.