Page:Leblanc - Les Milliards d'Arsène Lupin, paru dans L'Auto, 1939.djvu/59

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— L’affaire Mac Allermy ? Un peu.

— Comment l’avez-vous connue ?

— J’ai lu à ce sujet un article publié par une femme.

— Oui, par moi, Patricia Johnston.

— Tous mes compliments !

— Sans réserve ? demanda Patricia mise en éveil par le ton de l’éloge.

— Si, avec une réserve : l’article était trop bien fait, trop littéraire, trop mis en valeur. En matière de crime, j’aime le récit direct, pas « raconté », pas enjolivé, sans recherche de l’effet, sans préparation des coups de théâtre. Le roman policier m’endort.

Elle sourit.

« Tout le contraire des conseils que me donnait M. Allermy dont j’étais la secrétaire. Mais passons. Voici ce que j’ai appris. »

Brièvement, elle raconta les faits. Il écoutait attentivement, sans la quitter des yeux. Quand elle eut fini, il dit :

« Comme je comprends bien maintenant !

— Mon explication est plus claire que mon article ?

— Non, mais vous la donnez avec vos lèvres et vos lèvres sont délicieuses. »

Elle rougit encore, et, mécontente, murmura :

« Ah ! ces Français… toujours les mêmes…

— Toujours, mademoiselle, déclara-t-il tranquillement. Je ne puis réellement causer avec une femme à cœur ouvert, qu’après lui avoir dit ce que je pense d’elle. Question de loyauté, vous comprenez. Maintenant que j’ai rendu hommage à votre beauté, à vos épaules et à vos