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« Ma foi, je ne sais pas trop, tu as tant de noms !

— Je suis un monsieur qui n’aime pas qu’on se f… de lui, Angelmann. Or, sans avoir aucune preuve formelle, j’ai l’impression que tu me trahis.

— Moi… Vous… te trahir ! »

Des doigts d’acier s’incrustèrent dans son épaule avec l’apparence de faire un geste amical ; la voix basse ajouta durement :

« Écoute-moi, Angelmann. Le jour où je serai fixé, je te briserai comme verre. Tu n’existeras plus. En attendant, je te donne une chance… Mais je choisis comme gage de ta fidélité ton admirable compagne. »

Le banquier blêmit, mais il était en public, chez lui, il se domina vite, et reprit son sourire mondain.

Cependant, Horace avait passé et il s’inclinait à présent devant la belle madame Angelmann. Avec une parfaite aisance de grand seigneur et une galanterie étudiée, il lui baisa la main et, se redressant, murmura :

« Bonsoir, Marie-Thérèse… Alors, toujours jeune, toujours séduisante, toujours vertueuse ? »

Il raillait, elle sourit et murmura avec une pareille ironie :