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Dans l’ombre de la pièce mal éclairée, elle devinait l’expression implacable et bestiale de son visage.

Elle porta son sifflet d’argent à sa bouche.

« Halte ! ou j’appelle !

— Et qui viendra ? ricana le bandit.

— Lui. Celui qui m’a déjà protégée contre vous.

— Ton sauveur mystérieux ?

— Mon sauveur, Arsène Lupin.

— Tu crois donc que c’est lui ? dit le Sauvage qui avait reculé.

— Tu le crois aussi, dit Patricia. Et tu as peur !… »

Il essaya une fanfaronnade.

« Eh bien, siffle donc ! Qu’il vienne ! J’ai envie de faire sa connaissance de plus près. »

Mais c’était une envie très relative, car il laissa partir la jeune femme.

Patricia regagna sa chambre, décidée à faire une autre tentative le lendemain, et cette fois en prévenant, s’il le fallait, la police.

Elle dormit quelques heures, et au matin fut réveillée par des allées et venues, et des bruits de voix animée.

S’étant levée, elle apprit par la femme de chambre que celui qu’elle nommait le Sauvage avait, dans le courant de la nuit, été grièvement blessé à la tête d’un coup de matraque. Il vivait encore cependant et on ne désespérait pas de le sauver. On ignorait tout de son agresseur qui avait passé inaperçu parmi les allées et venues des voyageurs.

Utilisant sa carte de reporter, il fut loisible à Patricia de se mêler à l’enquête préliminaire du commissaire de police. Elle n’apprit rien, mais, revenant à l’hôtel, la femme de chambre voyant que le blessé l’intéressait pour une raison ou pour une autre, lui offrit de lui remettre, moyennant récompense, le carnet-portefeuille de l’homme assailli. Elle l’avait trouvé derrière le radiateur de sa chambre. Patricia accepta et s’enquit de la sacoche. Personne ne l’avait vue. L’agresseur du Sauvage l’avait certainement emportée. C’était sans doute pour s’en emparer qu’il avait frappé.

Dans le porte-cartes, Patricia trouva un petit